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Avoir le courage de ne pas être aimé


Je vous présente aujourd'hui une de mes récentes lectures. Pourtant, ce livre des japonais Ichiro Kishimi et Fumitake Koga est publié en France depuis 2018, chez Guy Trédaniel.

I.Kishimi est un philosophe intéressé par la psychologie adlérienne, qui a une expérience dans l'accompagnement de jeunes en clinique psychiatrique. F.Koga est un auteur japonais passionné par la psychologie d'Adler.


D'abord, le titre de ce livre. Percutant, non ? Un brin provocateur, il parle d'un désir profond qui peut faire écho en chacun de nous : être soi-même.

La psychologie d'Adler est moins connue en France que celle de Freud, Lacan, ou même Jung. Sous la forme ici d'une fiction, le lecteur est ici spectateur d'une rencontre entre un jeune homme et un philosophe. A travers leur dialogue, nous découvrons les idées principales d'Adler, qui viennent bousculer nos modes de pensée et nos modes de vie.

Le jeune homme, déterminé, fait tour à tour preuve de curiosité et d'ouverture, ou de résistance et de provocation. Son état change au fil de l'histoire, comme sa manière de voir le monde. Le lecteur l'accompagne à travers ce cheminement intérieur, qui a véritablement le potentiel d'apporter du changement dans sa propre vie.

Des thèmes essentiels sont abordés comme : pourquoi nous ne changeons pas, pourquoi nous ne nous aimons pas, les problèmes relationnels, la conformité VS la liberté, l'affirmation de soi, l'accès au bonheur, etc.

De nombreux petits paragraphes nous permettent d'avancer à notre rythme, sans nous perdre, car il existe une véritable continuité entre chaque passage.

Ce que j'ai aimé particulièrement : l'importance soulignée de notre grande responsabilité dans ce qui nous arrive, et ainsi la mise en lumière de notre grand pouvoir de créer les changements que l'on souhaite pour soi, et donc la réalité de notre liberté.


En voilà un extrait :

"QU’EST-CE QUE LA VÉRITABLE LIBERTÉ ?

PHILOSOPHE : Tout à l’heure, tu as admis que tu ne voulais pas déplaire à qui

que ce soit et tu as dit : « Il n’y a personne nulle part qui irait jusqu’à vouloir

déplaire à quelqu’un. »

JEUNE HOMME : Oui.

PHILOSOPHE : Eh bien je ressens la même chose. Je n’ai aucun désir de

déplaire aux autres. Je dirais que c’est faire preuve d’une grande finesse de

perception que de dire : « Personne n’irait jusqu’à vouloir déplaire à

quelqu’un. »

JEUNE HOMME : C’est un désir universel !

PHILOSOPHE : Malgré cela, quels que soient nos efforts, il y a des gens qui ne

m’aiment pas et des gens qui ne t’aiment pas. Cela aussi, c’est un fait.

Lorsque tu déplais à quelqu’un, ou que tu as la sensation de déplaire à

quelqu’un, dans quel état d’esprit cela te met-il ?

JEUNE HOMME : En trois mots, ça me déprime. Je me demande pourquoi j’en

suis arrivé là, et ce que j’ai dit ou fait qui pourrait avoir été blessant. Je me

dis que j’aurais dû agir différemment avec l’autre personne, je ressasse tout

ça sans arrêt dans ma tête, et je suis rongé par la culpabilité.

PHILOSOPHE : Ne pas vouloir déplaire à autrui. Pour les êtres humains, c’est

un désir totalement naturel, et une pulsion. Kant, le géant de la philosophie

moderne, a appelé ce désir « inclination ».

JEUNE HOMME : Inclination ?

PHILOSOPHE : Oui, ce sont nos désirs instinctifs, nos désirs impulsifs. Mais on

aurait tort de dire que vivre comme une pierre qui dévale la pente en

permettant à de telles inclinations, à de tels désirs ou de telles impulsions, de

nous emmener n’importe où, ce serait la liberté. Vivre de cette manière, ce

n’est qu’être l’esclave de nos désirs et de nos impulsions. La véritable liberté

est une attitude qui s’apparente plus à l’idée de nous repousser vers le haut

lorsque nous dévalons la pente.

JEUNE HOMME : Nous repousser vers le haut ?

PHILOSOPHE : Une pierre n’a aucun pouvoir. Une fois qu’elle commence à

dévaler la pente, elle continuera à rouler jusqu’à ce qu’elle ne soit plus sous

l’emprise des lois naturelles de la gravité et de l’inertie. Mais nous ne

sommes pas des pierres. Nous sommes des êtres capables de résister à

l’inclination. Nous pouvons arrêter notre dégringolade et remonter la pente.

Le désir de reconnaissance est probablement un désir naturel. Alors vas-tu

continuer à dégringoler la pente afin de recevoir la reconnaissance des

autres ? Vas-tu laisser cette chute t’user comme une pierre qui roule, jusqu’à

être lisse comme un galet ? Lorsque tout ce qu’il restera sera une petite

boule ronde, est-ce que ce sera « le vrai toi » ? Cela ne se peut pas.

JEUNE HOMME : Est-ce que vous dites que résister à ses propres instincts et

impulsions, c’est la liberté ?

PHILOSOPHE : Comme je l’ai dit et répété, en psychologie adlérienne, nous

pensons que tous les problèmes sont des problèmes de relations

interpersonnelles. En d’autres termes, nous cherchons l’affranchissement des

relations interpersonnelles. Nous cherchons à être libres des relations

interpersonnelles. Toutefois il est absolument impossible de vivre tout seul

dans l’univers. À la lumière de ce dont nous avons discuté jusqu’à

maintenant, la conclusion à laquelle nous arrivons à propos de « qu’est-ce

que la liberté » devrait être claire.

JEUNE HOMME : À savoir ?

PHILOSOPHE : En bref, c’est que « la liberté, c’est que quelqu’un ne t’aime

pas »."

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