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Le syndrome de l'imposteur




Aujourd'hui, j’ai choisi de vous parler du syndrome de l’imposteur. En effet, ce terme de plus en plus utilisé n’est pas toujours pris suffisamment au sérieux. Comme tout ce qui devient présent dans le langage courant, ce phénomène est parfois banalisé. Pourtant, il peut être véritablement handicapant, notamment dans le développement de la sphère professionnelle.

Il est en lien avec la question de la place et de la légitimité. J’observe que ces questions sont très fréquentes dans notre société actuelle, entraînant parfois des souffrances psychologiques. Nous sommes nombreux à nous interroger sur notre place dans le monde, sur notre contribution au monde et sur notre légitimité à être. Cela parle de notre processus d’individuation, au sens donné par Jung, c’est-à-dire au processus de réalisation de soi. C’est un véritable cheminement intérieur.


Qu'est-ce que le syndrome de l'imposteur ?

Le syndrome de l’imposteur, malgré son nom, n’est pas une pathologie. Ce mécanisme psychologique a été décrit en 1978 par Pauline Clance et Suzanne Imes. A l’époque, elles ont interrogé des femmes à haut niveau de réussite qui pourtant avaient le sentiment de ne pas avoir réussi.


Il existe différentes manières de le définir :

  • Il s’agit d’une croyance interne que nous ne sommes pas aussi bons que les autres le croient ou que nous le laissons paraître.

  • C’est un sentiment persistant d'insuffisance et de doute de soi malgré les preuves évidentes de sa compétence. 

  • C’est l’idée qu’on fait semblant d’être quelqu’un que l’on n’est pas.

Cette conviction est souvent associée à la peur d’être découvert et que les autres se rendent compte que nous sommes un imposteur, un arnaqueur. Clance et Imes estiment qu’à cette croyance et à cette peur s’ajoute la tendance systématique à attribuer sa réussite à la chance ou à d’autres facteurs externes, comme le résultat d’un investissement énorme. La personne est capable de reconnaître qu’elle réussit, pour autant, elle ne s’en réjouit pas car elle pense ne pas être à sa place. On parle alors de dissonance cognitive. C’est une manifestation qui traduit le doute en notre propre valeur. Il vient questionner notre légitimité, et le droit à avoir notre place, dans le monde, dans le travail, etc. Exemples : une maman qui a l’impression de ne pas être une bonne mère, un papa qui pense ne pas être un vrai homme, un cadre supérieur d’une grande entreprise qui pense avoir eu ce poste par hasard et qu’à tout moment ces supérieurs risquent de découvrir la supercherie…


Ce procédé est très fréquent, il concernerait 70% de la population (Journal of Behavioral Science, 2011). Une échelle, créée en par Clance en 1985, nous permet d’évaluer si nous souffrons de ce phénomène. Pour autant, il est facile de repérer s'il nous traverse, dès lors que l'on s'observe.


Les différentes manifestations du syndrome de l'imposteur

Ce syndrome peut être plus ou moins discret donc on ne l’identifie pas toujours clairement dans son propre fonctionnement. Soyez attentif à toutes les formes d’expression qu’il peut prendre. Souvent, vous ne vous reconnaîtrez pas dans tout, cela ne signifie pas pour autant que vous n’êtes pas concerné. Ce mécanisme se manifeste de différentes façons. Certaines personnes peuvent avoir l'impression de ne pas mériter leur succès, attribuant plutôt leurs réalisations à la chance ou à la tromperie. D'autres peuvent se sentir constamment sous pression pour surpasser leurs performances précédentes, craignant que le moindre échec ne révèle leur "fraude".


Différents caractéristiques peuvent illustrer que vous utilisez ce mécanisme psychologique :

-          La surpréparation

-          La formation permanente

-          L’autosabotage en ne passant pas à l’action

-          La procrastination

-          L’installation dans l’énergie du manque : vous vous focalisez sur ce que vous n’êtes pas. Vous n’êtes pas assez ceci, cela…Vous n’avez pas assez de…

-          L’exigence permanente et sans fin, le perfectionnisme

-          L’insatisfaction de ce que vous réalisez

-          La peur de ne pas être à la hauteur, la peur d’échouer

-          La difficulté à recevoir les compliments

-          L’autodévalorisation et la sous-estimation de son travail

-          La comparaison permanente

-          La peur de vous montrer comme vous êtes et d’être jugé

-          Vouloir tout accomplir seul pour prouver vos capacités

-          L’attribution de votre réussite à la chance


Ce phénomène, nous le traversons donc fréquemment dans notre vie. D’ailleurs, il n’est pas présent en permanence. Il a tendance à se présenter lors de changements importants dans la vie : une nouvelle qualification, une promotion, une reconversion professionnelle, etc. Il existe des modes de vie et des personnalités plus exposées à ce syndrome, comme les personnes à haut potentiel, les étudiants, les premiers d’une famille qui font des études, les travailleurs indépendants par exemple.


Outils concrets pour contrecarrer l'imposteur

Heureusement, il existe des outils concrets pour faire face au syndrome de l'imposteur. L'un d'eux consiste à reconnaître et à contester vos pensées négatives. Il peut également être utile de partager vos sentiments avec d'autres personnes, car cela peut vous aider à réaliser que vous n'êtes pas seul. Enfin, il peut être bénéfique de chercher l'aide d'un professionnel de la santé mentale.


Je vous partage ici plusieurs astuces pour vous aider quand vous vous prenez une nouvelle vague de sentiment d’imposture :

-          Observez les FAITS. Notez le chemin parcouru sur papier, tout ce que vous avez réalisé et réussi, même les succès qui vous paraissent petits, comme votre 1er scoubidou, etc.

-          Demandez à 20 personnes de votre entourage de vous donner trois qualités qui vous définissent selon eux.

-          Identifiez vos ressources :

o   faites la liste de vos 10 points forts (persévérance, patience, curiosité…)

o   écrivez deux choses dont vous êtes particulièrement fier dans votre vie

o   trouvez 5 services que vous pourriez rendre pour aider quelqu’un

-          Lors d’un lancement de projet, focalisez-vous sur votre bagage à votre disposition pour démarrer : études, formations, apprentissages par la lecture ou autre média, expériences et situations en lien direct ou indirect avec ce que vous voulez faire, qualités/compétences que vous utilisez déjà par ailleurs et qui vous seront utiles.

-          Choisissez-vous des mantras à vous répéter chaque jour, à afficher sur votre bureau, dans votre agenda, sur votre fond d’écran.

Exemples : Mieux vaut fait que parfait.

Chercher le progrès pas la perfection.

J’ai le temps d’apprendre.

Pas besoin d’être un expert pour apporter beaucoup de valeur.

-          Adoptez une posture d’humilité et acceptez d’avoir encore à apprendre. Vous n’avez pas besoin de savoir tout et de pouvoir répondre à toute demande.

 

Conclusion

Le syndrome de l'imposteur peut être déroutant et épuisant, mais il est important de se rappeler que vous n'êtes pas seul et qu'il existe des outils pour vous aider à le surmonter. En fin de compte, personne n'est parfait et chacun a droit à l'imperfection. Nous sommes tous parfaitement imparfaits.

Pour aller plus loin, je vous invite à lire « Le syndrome de l’imposteur », par Sandi Mann, très éclairant.

 

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